Le géant américain Google, incontournable aux quatre coins de la planète depuis plus de 20 ans, fait également partie intégrante du paysage du Cœur du Hainaut depuis près de 15 ans. C’est en effet à Saint-Ghislain que fut implanté, entre 2007 et 2010, son tout premier centre de données hors des frontières américaines. Un investissement global qui dépasse aujourd’hui les 2 milliards d’euros. Rencontre avec Frédéric Descamps, Site Operations Manager du Data Center de Google à Saint-Ghislain.
Né à Mons, Frédéric Descamps a grandi à Thulin et a été scolarisé à l’Athénée Royal de Quiévrain, où ses parents étaient enseignants. C’est ensuite à Mons qu’il poursuit des études d’ingénieur industriel en électricité à l’ISIM, l’Institut Supérieur et de l’enseignement Industriel à Mons, l’actuel département des Sciences et technologies de la Haute école en Hainaut.
Le premier centre de données en dehors des frontières américaines
En 2007, Google annonce un investissement de 250 millions d’euros dans la construction d’un centre de données à faible consommation énergétique à proximité de Saint-Ghislain et de Mons. Un choix qui en a sans doute surpris plus d’un à l’époque, mais qui repose sur les nombreux atouts de la région en général, et du site plus particulièrement. « Nous avons une localisation géographique privilégiée, nous sommes au centre de l’Europe. Pour un Data Center où l’on doit servir du trafic, c’est une position clé », nous explique Frédéric Descamps.
Saint-Ghislain offre la combinaison adéquate en termes d’infrastructures énergétiques disponibles et de terrains aménageables. Des installations électriques présentes, des liaisons fibres optiques, la proximité avec le canal et une disponibilité de terrains relativement grands, laissant la porte ouverte aux futures extensions.
L’investissement de Google dans la région a également bénéficié du soutien essentiel des autorités locales, communales et régionales, et de l’agence de développement territorial du Cœur du Hainaut, IDEA, qui reste encore aujourd’hui un partenaire fiable et présent.
En outre, la présence de nombreuses universités et hautes écoles a également pesé dans la balance. La région est capable de fournir des gens de qualité.
Autant d’éléments cruciaux pour l’implantation du géant américain dans notre région, auxquels il faut ajouter un petit facteur chance. « Il y a toujours un concours de circonstances et il a joué en la faveur de ce site. Les bonnes personnes se sont rencontrées au bon moment et tout le monde a su saisir l’opportunité et faire aboutir le projet. »
Le site, qui est totalement opérationnel depuis 2010, a été le premier centre de données Google à fonctionner sans aucune réfrigération. À la place, il utilise un système avancé de refroidissement par évaporation qui puise les eaux grises du canal industriel à proximité, permettant de réduire la consommation d’énergie globale. « Nous voulions que ce Data Center soit efficace au niveau énergétique, que ce soit l’une de nos grandes forces. La proximité par rapport au canal était très importante pour notre système de refroidissement. »
Depuis, Google continue à investir sur le site, pour grandir bien sûr, mais également pour améliorer ses performances énergétiques. Notamment en 2018, avec l’inauguration d’une nouvelle centrale solaire sur le site du centre de données, un investissement de 3 millions d’euros. « Pour ce projet, il a fallu convaincre nos collègues californiens, qui vivent au soleil toute l’année, que la Belgique pouvait aussi être rentable en matière de panneaux solaires. Ce n’était pas gagné, car ils étaient déjà venus plusieurs fois en Belgique, avec un temps à la belge ! (rires) »
Un soutien pour des projets locaux
Google soutient plusieurs projets locaux par an, notamment via un programme d’appels à projets qui finance chaque année des ASBL, écoles, hôpitaux, ONG et autres organismes non lucratifs. « Nous estimons que nous avons aussi une responsabilité sociétale, en tant qu’industriel implanté dans la région. »
Les équipes du Google Data Center de Saint-Ghislain soutiennent également des événements ponctuels, comme la GameWeek du label Game Max ou le Crazy Machine Challenge de l’UMONS. Des événements qui s’inscrivent dans une vision d’une région dynamique, tournée vers l’avenir et vers le potentiel de développement que représentent les STEM (Science, Technology, Engineering & Mathematics – c’est-à-dire science, technologie, ingénierie et mathématiques en français) pour les jeunes générations.
Pour bénéficier du soutien de Google, il ne suffit pas de frapper à la porte pour demander un financement. « Notre objectif n’est pas de soutenir ad vitam æternam des structures existantes. L’idée est de donner un petit coup de boost à un projet qui démarre et qui s’appuie déjà sur quelques autres partenaires, et de le lancer avec un peu plus d’ambition. Les projets que nous soutenons doivent soutenir la société de demain. »
Un des derniers projets soutenus par Google l’année dernière, c’était Holy-Wood, une association d’artisans et de designers montois, qui crée du mobilier avec du bois de récupération local dans une démarche éthique, solidaire et écologique. « Tout le monde peut faire du recyclage, mais le but est de développer un modèle économique. Nous leur avons donné les moyens de s’équiper de machines performantes. Les subventions et les soutiens des institutions classiques n’auraient sans doute pas permis le développement de ce genre de projet. »
La formation, un pilier important
Google est également sensible à la formation des jeunes. Des conférences sont notamment organisées dans les écoles secondaires, techniques ou hautes écoles de la région.
En outre, Google est également partenaire de la Haute École Louvain en Hainaut (HELHa). La Formation Data Center est née d’une histoire d’amour bâtie sur des besoins mutuels. Un laboratoire de mécanique spécialisée en refroidissement évaporatif a été mis en place à l’École d’ingénieurs de la HELHa, dans lequel les techniciens de Google sont envoyés en formation. « Pour le même budget, on aurait pu créer ce labo chez nous et seul un nombre limité de personnes en aurait bénéficié. Nous avons estimé que le besoin existe et qu’il peut être mis à disposition d’autres personnes. C’est notre responsabilité sociétale de dédier une partie de notre temps à essayer de faire progresser les choses autour de nous. »
Une région à faire découvrir
Frédéric Descamps est amoureux du Cœur du Hainaut, très motivé par sa région. C’est donc avec grand plaisir qu’il la fait découvrir à ses collègues américains et européens qui sont de passage pour une visite professionnelle.
« J’adore leur faire visiter la place de Mons. Puis on fait un petit tour à pied, jusqu’à Sainte Waudru. Pour nos collègues américains, l’histoire si ancienne est difficile à imaginer. » Le tour continue vers le Centre, avec les ascenseurs à bateaux historiques et l’ascenseur de Strépy-Thieu. « C’est un beau monument technologique à faire visiter, il n’y en a pas 10.000 dans le monde ! »
Evidemment, quand on vient de si loin, la Belgique est également un point de départ central pour des visites nationales et internationales. Mais rien ne vaut le Cœur du Hainaut, n’est-ce pas ?!