En une dizaine d’années, le Chant d’Éole est devenu l’un des vignobles belges les plus qualitatifs et les plus récompensés sur la scène internationale. C’est dans ce domaine familial qu’a récemment commencé la nouvelle aventure professionnelle d’Anne-Sophie Charle. Maison Éole est la première gamme Belge de cosmétiques issue de la vigne.
Après des études en sciences politiques à l’UCL, Anne-Sophie Charle retrouve sa ville d’origine et devient d’abord porte-parole puis cheffe de cabinet du bourgmestre pendant une dizaine d’années. Elle devient ensuite secrétaire générale de la Fondation Mons 2015, qui pilote alors le projet de Capitale européenne de la culture. Une brillante carrière dans le service public qui ne laisse pas présager un virage à 180 degrés.
C’est lors du premier confinement en 2020 qu’Anne-Sophie Charle, alors Directrice Générale Adjointe à la Ville de Mons, décide de changer radicalement de carrière pour se lancer dans un projet qui l’anime vraiment. Un rêve de longue date qu’est la création et la commercialisation de cosmétiques dont les formules contiennent des ingrédients issus des vignes. Ce pari risqué et ambitieux voit finalement le jour fin 2021 avec Maison Éole, qui propose une ligne de soins pour le visage et le corps qui s’adresse tant aux femmes qu’aux hommes.
Belge, éco-responsable et éco-circulaire
Anne-Sophie Charle met alors d’emblée la barre très haut en se fixant plusieurs conditions : le produit doit être 100% belge, les principes actifs des cosmétiques doivent être exclusifs et inédits, et, s’inscrivant dans une économie circulaire, les contenants doivent pouvoir être réutilisés.
L’économie circulaire et les circuits courts sont ainsi au cœur de ce projet, dans lequel nous pouvons retrouver les résidus de la vigne, transformés pour devenir un produit nouveau.
Au domaine du Chant d’Éole, Anne-Sophie Charle récupère les sarments de la vigne (les branches des vignes qui poussent chaque année et qui sont coupées pour un meilleur rendement et des produits de qualité), les lies des cuves de fermentation ainsi que les lies de dégorgement des bouteilles et les sels tartriques. Ces cristaux, qui se déposent sur les cuves, sont issus de la salification de l’acide tartrique naturellement présent dans le raisin et sont utilisés dans les produits de gommage. Sans oublier les pépins de raisin, transformés en huile riche en polyphénols et très hydratante.
Le résultat est une gamme naturelle, végane et surtout – excepté les boîtes en bois et les flacons – locale.
« J’ai toujours été sensible et engagée au développement économique de la région. Il était important pour moi de pouvoir, dans le cadre de ma réorientation professionnelle, participer à sa croissance en créant de l’activité nouvelle. »
Nous ne le savons que trop peu, mais la Belgique, et la Wallonie en particulier, dispose de toutes les compétences nécessaires à l’élaboration et la production de cosmétiques. Une entreprise spadoise spécialisée dans les produits naturels, Copaïba, a réalisé la formulation des produits de Maison Éole et se charge également de la production. Le conditionnement et l’étiquetage a lieu dans une entreprise de travail adapté, Les Ateliers de Tertre. Tradyglass gère la sérigraphie à Soignies et une artisane de Thuin produit les lingettes destinées au démaquillage.
« Via LinkedIn notamment, j’ai pris plaisir à pouvoir présenter toutes ces compétences et savoir-faire de la région, cela faisait pour moi partie intégrante de l’aventure collective que je voulais mener. »
Une collection 100% belge, mais aussi éco-responsable. Pas de carton ni de plastique, les packagings sont en bois et en verre. Une nouvelle façon de consommer les produits cosmétiques avec une réutilisation des contenants une fois le produit terminé.
Une région en plein renouveau
« Notre région a retrouvé un réel dynamisme depuis une vingtaine d’années, notamment via les nombreux investissements qui ont été faits pour accompagner son développement. Nous avons également la chance d’être un véritable vivier d’enseignement de haut niveau, qu’il soit universitaire ou technique. En plus, nous avons encore pas mal d’espace disponible dans la région et nous pouvons bénéficier de très bonnes structures d’aide aux entreprises. Ce sont des atouts sur lesquels nous devons capitaliser aujourd’hui. »
Parmi ces structures d’aide aux entreprises, La Maison de l’Entreprise (LME) a joué un rôle clé au début de ce projet. Cet incubateur conseille et accompagne les entrepreneurs dans la création, le développement et l’accélération de leur projet ou de leur entreprise.
C’est LME qui a mis Anne-Sophie Charle en contact avec deux centres de recherche wallons spécialisés. Pour identifier un principe actif jamais exploité dans le secteur, Anne-Sophie Charle a relevé un maximum d’échantillons issus du vignoble ou du processus de vinification et en a confié l’analyse au Celabor à Herve et au CeREF, le pôle biotechnologique de la HELHa (Haute Ecole Louvain en Hainaut) où deux femmes docteurs en chimie sont spécialisées dans l’analyse du tanin végétal à des fins cosmétiques.
Ces deux laboratoires ont ainsi identifié un principe actif dans les sarments qui n’avait pas encore été utilisé dans les cosmétiques. Un anti-oxydant exclusif à Maison Éole, 5 à 10 fois plus efficace que ceux que peuvent proposer les concurrents.
Maison Éole, une marque locale et responsable qui contribuera au rayonnement du Cœur du Hainaut dans les prochaines années. D’ici là, Anne-Sophie Charle ne manquera pas d’idées pour mettre en valeur notre région qu’elle aime tant et pour promouvoir un maximum la consommation de produits wallons.
